Ru
13 avril 2010 at 14 h 17 mi 6 commentaires
Kim Thuy
Le Mot de l’éditeur : Une femme voyage à travers le désordre des souvenirs : l’enfance dans sa cage d’or à Saigon, l’arrivée du communisme dans le Sud-Vietnam apeuré, la fuite dans le ventre d’un bateau au large du golfe de Siam, l’internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les premiers frissons dans le froid du Québec. Récit entre la guerre et la paix, Ru dit le vide et le trop-plein, l’égarement et la beauté. De ce tumulte, des incidents tragi-comiques, des objets ordinaires émergent comme autant de repères d’un parcours. En évoquant un bracelet en acrylique rempli de diamants, des bols bleus cerclés d’argent ou la puissance d’une odeur d’assouplissant, Kim Thúy restitue le Vietnam d’hier et d’aujourd’hui avec la maîtrise d’un grand écrivain.
Un titre bref, un roman court, des chapitres qui n’ont parfois que quelques lignes ; déroutant, prenant, touchant comme un patchwork d’éclats de mémoires. Flash- back d’une vie douloureuse devenue belle par volonté de s’en sortir en n’oubliant rien .
Dans le Saïgon d’avant la guerre, pour Kim, la vie est belle, la famille riche ; puis c’est la lente descente aux enfers, les communistes ont pris le pouvoir , c’est la fuite sur un bateau pourri et surchargé : misère, peur, violence. Kim n’est qu’une petite fille mais elle se souvient… la promiscuité, la mer sans fin, les odeurs de gas oil, de mort, les camps de Malaisie, les mouches, la crasse.
Un deuxième pays, une deuxième vie leur sera offerte… le Québec..à force de travail, de courage, de dureté et de perséverance la famille s’adapte ; Au pays du froid, c’est aussi la découverte de la tendresse.
Mais dans ce livre, il y a surtout cette merveilleuse écriture pour nous conter ce calvaire et cette resurrection…Saïgon, la grande maison, la famille, les oncles, souvenirs d’enfance, la rue, les petits métiers, les femmes croisées vendeuses de soupe ou vieille courbée sous le poids de l’âge et du destin ; elle prend la mesure de son pays ..éblouissement et terreurs …retour en arrière encore où le délicat cotoie « la merde », le sordide, l’espoir. Elle raconte comme détachée..obligée d’être détachée pour survivre ; avec humour parfois ( adaptation pas facile aux coutumes occidentales !) comme des petites touches de clarté dans ce tableau sombre, si précise, avec des mots poétiques, réalistes mais toujours très évocateurs. On pourrait presque lire chaque chapitre de façon isolée ; chacun raconte toute une histoire, une anecdote ou un tableau, une impression, des odeurs, des couleurs..toujours avec retenue et dignité. Pas de haine, jamais.
J’aime beaucoup la couverture qui rend bien l’esprit du livre. Elle évoque ces filles en ao dai ..ce vêtement délicat et vaporeux qui ne laisse apparaître qu’un petit carré de peau..sensualité des ao dai.. profondeur du bleu et ligne pure du chapeau conique avec les deux lettres blanches verticales : Ru…petit ruisseau. berceuse..
Un livre plein d’énergie et de beauté comme une calligraphie effectuée avec grâce mais fermeté.
Une belle leçon de vie !
A propos des livres et Orchidée ont aussi beaucoup aimé, choco aussi !
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1. Orchidee | 13 avril 2010 à 14 h 40 mi
j’adore ton billet !
2. sarawastibus | 13 avril 2010 à 18 h 00 mi
merci :)…j’ai adoré le livre, alors quand on aime …..
3. Choco | 14 avril 2010 à 10 h 43 mi
Tiens, je l’ai lu ce week end et j’ai beaucoup aimé aussi !
4. sarawastibus | 14 avril 2010 à 12 h 43 mi
alors j’ai hâte de lire ton billet 🙂
5. Stephie | 18 avril 2010 à 9 h 10 mi
Je sens que je vais craquer !!
6. sarawastibus | 18 avril 2010 à 11 h 31 mi
c’est bon parfois de craquer 🙂