Julius Winsome

3 avril 2011 at 16 h 34 mi 10 commentaires

Gérard Donovan

Le Mot de l’éditeur Julius Winsome, quinquagénaire, vit en ermite dans un chalet au cœur de la forêt du Maine. Horrifié par la violence, il ne chasse pas, contrairement aux hommes virils de la région. Il se contente de chérir les milliers de livres qui tapissent son chalet avec pour seul compagnon son chien Hobbes. La vision  de ce dernier, ensanglanté et mourant le changera en tueur fou..

Froid comme une lame, prenant.

Julius Winsome vit en solitaire, ne chasse pas, lit beaucoup, caresse son chien, jouit paisiblement de la nature qui l’entoure ; mais  un jour il trouve Hobbes mortellement blessé par une balle à bout portant… Pourquoi ?

Commence alors un lent voyage vers la folie …. Hobbes, son chien, son ami,  dont l’assassinat est le symbole de toutes les victimes innocentes et de la cruauté des hommes . Les tueurs sont partout dans la forêt..les chasseurs, tous les chasseurs, tous coupables parce que tous capables de tuer par plaisi. Pour assouvir sa vengeance,  Julius se révèlera un fantastique tireur animé par une haine totale. Lui, le pacifiste, est maintenant passé du côté de la mort  programmée où le gibier n’a aucune chance ; plaisir trouble à pister, mettre en joue, achever….complètement parano, il imagine des complots, des machinations.

Son père et son grand-père qui avaient fait la guerre  lui ont transmis le respect de la vie ; pas de chasse, plutôt l’amour des livres, la vie avant tout, parce qu’elle est fragile et éphémère. Mais dans ces sombres  forêts du Maine, la nature est  impitoyable, elle déteint sur les hommes, insidieusement .. une nature étouffante, sauvage et souveraine. Il suffit d’un petit déclic pour que la barbarie resurgisse quand on touche à l’intime, là où ça fait mal, nos manques, nos sentiments profonds, nos fêlures.

Un roman noir, beau, violent, barbare..une fable sur l’homme civilisé face à une nature féroce…il ne fait pas le poids ! Oppressant. On observe, on épie dans une  ambiance de glace en accompagnant Julius dans sa folie meurtrière,  juste  derrière son épaule, comme une caméra …  on sent son souffle, ses hésitations, l’excitation qui s’empare de lui et le fait frissonner. Quelle violence !

Un roman  fou écrit au scalpel, plein de sang et de larme ; mais aussi des instants d’émotion de paix et de poésie  pour parler de l’hiver, de la forêt du Maine sous la neige, des nuits qui n’en finissent pas « Un hiver dure cinquante livres et vous fixe au silence tel un insecte épinglé, vos phrases se replient en un seul mot, le temps suspend son vol, midi ou minuit c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Chaque coup d’oeil rencontre de la neige. chaque pas s’enfonce vers le nord. Voilà l’heure du Maine, l’heure blanche. c’est aussi l’époque où une journée entière s’engouffre d’un seul coup par l’unique fenêtre de la chambre, et je restais au lit le plus clair du jour, les couvertures étant plus chaudes que l’air. »

lu dans le cadre du défi Nature Writing organisé par Folfaerie

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10 commentaires Add your own

  • 1. Folfaerie  |  3 avril 2011 à 16 h 52 mi

    Je suis juste en petit désaccord avec toi quand tu parles de nature étouffante. Il m’a semblé au contraire que dans cette sombre histoire, elle est la partie pure de Julius, qui en fait son alliée.
    De même que je persiste à ne point trouver de folie chez lui. C’est autre chose, du désespoir peut-être, mais pas de la folie. Ce qui diminuerait d’ailleurs singulièrement la portée de ses actes.
    Qu’importent de toute façon ces petites divergences, je suis tellement contente que tu aies aimé et tu as écrit un beau billet en plus. Ce fut mon coup de coeur de l’année 2010 et il figure désormais parmi mes livres de chevet…

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    • 2. saraswati  |  3 avril 2011 à 18 h 14 mi

      étouffante dans le sens qu’elle le prend dans ses filets..la nature dans son côté sauvage et brut..elle enserre son chalet-qui est juste à la lisière des bois- et son âme quand le vernis de la civilisation s’effrite après la mort de Hobbes.il s’y fond alors pour assouvir sa vengeance, en fait partie intégrante dans le jeu de la mort et de la chasse ;et je pense qu’ il est quand même bien atteint pour flinguer tout le monde comme ça, fou de desespoir ?? ;), rendu à son état primitif…une digue a sauté..qu’importent ces divergences c’est vrai, voilà un roman fort et bouleversant qui porte à s’émouvoir et à réfléchir!

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  • 3. Stephie  |  4 avril 2011 à 4 h 49 mi

    Ton billet donne envie de frémir 😉 Je surligne ce titre déjà noté il y a quelques mois 🙂

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    • 4. saraswati  |  4 avril 2011 à 8 h 15 mi

      normalement, c’est à lire au coin du feu, quand une bise glacée souffle dehors…mais dans un jardin avec des petites fleurs autour je pense que ça doit faire le même effet 😉 et je crois que si on tuait mon chat dans de pareilles circonstances je deviendrais drôlement mauvaise :/

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  • 5. Dominique  |  4 avril 2011 à 14 h 36 mi

    je garde un bon et fort souvenir de ma lecture, un des livres très fort lu il y a qq mois maintenant et que j’ai beaucoup fait lire autour de moi

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    • 6. saraswati  |  5 avril 2011 à 7 h 01 mi

      oui, un livre très fort à recommander …mais qui fait un peu peur ; on a tous en nous une part de violence qui peut éclater à tout instant.

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  • 7. choco  |  5 avril 2011 à 12 h 17 mi

    Etonnamment, je n’ai pas eu de coup de coeur pour cette lecture à l’époque. Pourtant, avec le recul, ça reste une histoire qui m’a beaucoup marqué…

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    • 8. saraswati  |  5 avril 2011 à 20 h 17 mi

      oui c’est curieux…il faut du temps pour que ça se décante, c’est une histoire douloureuse dont on a envie de se détourner dans un premier temps, toute cette violence perpétrée par un homme si doux …

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  • 9. scor13  |  19 avril 2011 à 5 h 30 mi

    Un très beau billet pour un livre que je note dans mes tablettes.

    Merci beaucoup

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    • 10. saraswati  |  19 avril 2011 à 8 h 12 mi

      bienvenue…et merci 🙂 oui un livre marquant, vraiment

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